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Hyper Quelque Chose !

  • Maous Artiste Défiant l'Olibrius
  • Une linguiste associée avec une artiste ! Mado fait de la peinture et moi, je m'exerce au journalisme, à la traduction et à l’écriture pour le plaisir des mots et des couleurs.
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offert par mon amie Jeanne Fa Do SI
pour mon regard fouillé sur les coutumes et la nature autrichienne.
Merci Jeanne

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5 septembre 2008 5 05 /09 /septembre /2008 18:06


suite du conte "Le lièvre et le hérisson" (Der Hase und der Igel) des Frères Grimm.

Photographies prises sur le calendrier de l’avent grandeur nature dans la vielle ville d’Innsbruck (Autriche).

 

— Je vais me promener, dit le hérisson.
— Te promener ! dit en riant le lièvre; il me semble qu'il te faudrait pour cela d'autres jambes. »
Cette réponse déplut extraordinairement au hérisson; car il ne se fâchait jamais, excepté quand il était question de ses jambes, précisément parce qu'il les avait torses de naissance. « Tu t'imagines peut-être, dit-il au lièvre, que tes jambes valent mieux que les miennes?
— Je m'en flatte, dit le lièvre.
— C'est ce qu'il faudrait voir, repartit le hérisson; je parie que si nous courons ensemble, je courrai mieux que toi.
— Avec tes jambes torses? tu veux te moquer, dit le lièvre; mais soit, je le veux bien, si tu en as tant d'envie. Que gagerons-nous?
— Un beau louis d'or et une bouteille de brandevin, dit le hérisson.
— Accepté, dit le lièvre; tope, et nous pouvons en faire l'épreuve sur-le-champ.
— Non; cela n'est pas si pressé, dit le hérisson ; je n'ai encore rien pris ce matin; je veux d'abord rentrer chez moi et manger un morceau ; dans une demi-heure je serai au rendez-vous. »
Le lièvre y consent, et le hérisson s'en va. En chemin, il se disait : « Le lièvre se fie à ses longues jambes, mais je lui jouerai un tour. Il fait son important, mais ce n'est qu'un sot, et il le payera. »
En arrivant chez lui, le hérisson dit donc à sa femme : « Femme, habille-toi vite ; il faut que tu viennes aux champs avec moi.
— Qu'y a-t-il donc? dit la femme.
— J'ai parié avec le lièvre un beau louis d'or et une bouteille de brandevin que je courrais mieux que lui, et il faut que tu sois de la partie.
— Bon Dieu! mon homme, dit du haut de sa tête la femme au hérisson, es-tu dans ton bon sens ou as-tu perdu la cervelle ? Comment prétends-tu lutter à la course avec le lièvre?
— Silence, ma femme, dit le hérisson; c'est mon affaire. Ne te mêle pas de ce qui regarde les hommes. Marche, habille-toi et partons ensemble.»
Que pouvait faire la femme du hérisson? Il fallait bien obéir, qu'elle en eût envie ou non.
Comme ils cheminaient ensemble, le hérisson dit à sa femme : « Fais bien attention à ce que je vais te dire. Nous allons courir dans cette grande pièce de terre que tu vois. Le lièvre court dans un sillon et moi dans l'autre, nous partirons de là-bas. Tu n'as qu'à te tenir cachée dans le sillon, et, quand le lièvre arrivera près de toi, tu te montreras à lui en criant: « Me voila! »
Tout en disant cela ils étaient arrivés; le hérisson marqua à sa femme la place qu'elle devait tenir et il remonta le champ. Quand il fut au bout, il y trouva le lièvre, qui lui dit : « Allons-nous courir?
— Sans doute, reprit le hérisson.
— En route donc. »
Et chacun se plaça dans son sillon. Le lièvre dit: « Une, deux, trois! » et partit comme un tourbillon, arpentant le terrain. Le hérisson fit trois pas à peu près, puis se tapit dans le sillon et y demeura coi.
Quand le lièvre fut arrivé à de grandes enjambées au bout de la pièce de terre, la femme du hérisson lui cria : « Me voilà! » Le lièvre fut tout étonné et s'émerveilla fort. Il croyait bien entendre le hérisson lui-même, car la femme ressemblait parfaitement à son mari.
Le lièvre dit : « Le diable est là pour quelque chose. » Il cria: « Recommençons; encore une course. » Et il courut encore, partant ainsi qu'un tourbillon, si bien que ses oreilles volaient au vent. La femme du hérisson ne bougea pas de sa place. Quand le lièvre arriva à l'autre bout du champ, le hérisson lui cria : « Me voila! » Le lièvre, tout hors de lui, dit : « Recommençons, coûrons encore.
— Je ne dis pas non, reprit le hérisson; je suis prêt à continuer tant qu'il te plaira. »
Le lièvre courut ainsi soixante-treize fois de suite, et le hérisson soutint la lutte jusqu'à la fin. Chaque fois que le lièvre arrivait à un bout ou à l'autre du champ, le hérisson ou sa femme disaient toujours : « Me voilà ! »
A la soixante-quatorzième fois, le lièvre ne put achever. Au milieu des champs, il roula à terre ; le sang lui sortait par le cou, et il expira sur la place. Le hérisson prit le louis d'or qu'il avait gagné et la bouteille de brandevin; il appela sa femme pour la faire sortir de son sillon; tous deux rentrèrent très contents chez eux, et, s'ils ne sont morts depuis, ils vivent encore.
C'est ainsi que le hérisson, dans la lande de Buxtehude1, courut si bien qu'il fit mourir le lièvre à la peine, et depuis ce temps-là aucun lièvre ne s'est avisé de défier à la course un hérisson de Buxtehude.
La morale de cette histoire, c'est d'abord que nul, si important qu'il s'imagine être, ne doit s'aviser de rire aux dépens d'un plus petit, fût-ce un hérisson; et, secondement qu'il est bon, si vous songez à prendre une femme, de la prendre dans votre condition et toute semblable à vous. Si donc vous êtes hérisson, ayez bien soin que votre femme soit hérissonne, et de même pour toutes les espèces.



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