Encore et toujours de nombreuses colonies meurent et personne ne sait pourquoi ?
En Autriche, les apiculteurs s’élèvent contre l’orage de produits chimiques qui se déversent sur les plantations en tout genre et surtout sur celles de maïs. Une toute petite voix dans l’immensité européenne contre une armée de lobbyistes se fait entendre !
Ruche géante dans la vallée de Gschnitz (4 x 2 m)
et petites ruches sur le côté.
Que les abeilles travaillent courageusement parcourant je ne sais combien de kilomètres, ça tout le monde le sait mais on oublie souvent comment les butineuses sont utiles à l’homme. 80 % des plantes ont besoin des insectes pour assurer une bonne pollinisation. Par exemple, sans les abeilles, il n’y aurait pas de récolte de fruits et pour vous donner quelques chiffres, l’agriculture en Autriche pèse 500 millions d’Euro ! De quoi nourrir les quelques 8 millions d’Autrichiens… grâce au travail actif de nos chères abeilles.
Ruche géante dans la vallée de Vals
Mais la destruction de l’habitat, l’apparition d’une multitude de produits chimiques en tout genre et les parasites importés comme par exemple l’acarien varroa (varroa destructor d’Asie) ont un influx inimaginable sur les populations. Depuis quelques années, les journaux rapportent que les abeilles européennes sont malades et disparaissent. Même, l’on crée nombre d’instituts pour observer leur déchéance. En France, sous l’égide de la commission européenne, il existe un laboratoire de référence qui se penche sur « la santé des abeilles ». Celui-ci devrait rassembler des données afin d’avoir une vue claire sur la question et si la situation est « sérieuse ».
Grande ruche Tyrol du Sud
En Autriche, il existe un programme de recherche qui s’appelle « Melissa » sous la tutelle de l’Agence pour la santé et la sécurité alimentaire (AGES) et qui depuis 2009 étudie l’état de santé des abeilles et malheureusement la dégradation de leur santé sur le territoire autrichien.
Ruche sur le toit d'un garage à St Anton (Haut-Adige)
Mais ici, pas de tergiversations ! L’on montre du doigt les produits chimiques et particulièrement ceux utilisés dans la culture du maïs. La chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica virgifera d’Amérique centrale répandu en Amérique du nord) est un insecte très virulent et peut conduire à une réduction de la récolte pouvant aller jusqu’à 80 % de perte.
La chrysomèle a fait son apparition au Tyrol en 2008 mais en Autriche, particulièrement dans les plaines de l’Est, elle est présente depuis pas mal de temps comme en France depuis 2002. Si celle-ci est traitée avec des insecticides de synthèse, essentiellement contre les larves au moment des semis, les insectes utiles en prennent eux aussi pour leur grade.
En 2010, dans le cadre des recherches de « Melissa », 76 apiculteurs autrichiens ont enregistré auprès d’AGES des soupçons d’intoxication à côté des cultures de maïs. Dans 70 % des cas, le produit chimique a été retrouvé sur les abeilles. Cela montre catégoriquement que ce produit est responsable de la mort des butineuses et certainement de bien d’autres insectes. Cependant, les études ont aussi révélées que certains endroits cultivés avec du maïs traités n’enregistraient aucune disparition d’abeilles. Pourquoi ? Il semblerait que le dosage du produit chimique joue un grand rôle et que le mode d’emploi ne soit pas toujours respecté.
Grande ruche pour abeilles Tyrol du Sud
Pour finir la Fédération des apiculteurs autrichiens demande que l’on évite l’usage de ce produit en grande quantité et sur les territoires non atteints par l’insecte et travaille d’ors et déjà à une interdiction.
Plateau d'Igls - Photographie prise en automne 2010
De plus, la culture intensive du maïs sans respecter la rotation des sols est une calomnie pour la nature. Année après année, l’on retrouve le même champ de maïs à la même place car les agriculteurs n’ont pas assez de terrain. C’est bien sûr un vrai paradis pour les insectes nuisibles comme l’a démontré cette pratique en Amérique.
e rratule à tiges nues
Au Tyrol, il y a très peu de champ de maïs… Encore une chance !
Et peu de mortalité dans les colonies ! L’altitude y est pour quelque chose et les paysans travaillent encore dans les alpages à la main. Pas de fongicide, pas d’insecticides et pas d’engrais, juste le bon vieux fumier rassemblé en hiver et composé de foin et de sciure !
Vordere Brantjochspitze 2559 m Nordkette Tyrol
photographie prise en automne 2010 du plateau d'Igls
Mais dans les autres régions ?
Est-on prêt à déstabiliser le monde des insectes et à sabrer leur rôle prépondérant dans nos vies ? Question difficile à laquelle il nous faudra bien un jour répondre.
En attendant, les éclaireuses cherchent une position plus propice à l’installation de leur colonie !